La psychiatrie forensique en Suisse : au risque de l’instrumentalisation sécuritaire et positiviste

Par Bruno Gravier
Français

L’article présente une analyse critique du développement de la psychiatrie forensique à partir de la description de l’évolution récente du code pénal suisse et de ses implications sur les institutions judiciaires et pénitentiaires Nous décrivons ainsi la montée en puissance du dispositif des mesures pénales qui conduisent à augmenter la durée des privations de liberté à durée indéterminée pour les délinquants souffrant de troubles psychiques. Ceux-ci, responsables ou irresponsables, étant soumis aux mêmes mesures dans les mêmes lieux de détention, c’est l’évaluation de leur dangerosité qui devient le centre de gravité de l’expertise psychiatrique puis de leur parcours pénal. Le patient est ainsi réduit à une somme de facteurs de risque à contrôler et encadrer. Le manque de structures appropriées et l’ambiguïté de la notion de thérapie forensique contribuent à l’allongement des privations de liberté et aux atteintes aux droits fondamentaux qui en résultent. La pratique psychiatrique forensique, comme expert ou thérapeute, est ainsi soumise à une pression de plus en plus forte pour que les praticiens s’inscrivent dans cette perspective sécuritaire au mépris des principes cardinaux fondant l’acte médical.

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  • traitement psychiatrique
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  • exécution des peines
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