Co-production des savoirs sur l’usage de drogues et réduction des injustices épistémiques

Par Marie Jauffret-Roustide, Marie Debrus
Français

L’usage de drogues est habituellement envisagé sous l’angle d’un double cadrage juridique et biomédical, produisant des classifications des usagers de drogues autour des figures de délinquant et de malade. La politique de réduction des risques a fait évoluer les représentations et la place des usagers dans les politiques qui leur sont destinées en favorisant leurs capacités d’agir dans le processus de limitation de l’exposition aux risques associés aux usages et en particulier à l’injection. Notre recherche socio-anthropologique à dimension participative menée avec Médecins du Monde a étudié la mise en œuvre du programme d’éducation à l’injection (ERLI) à partir d’entretiens auprès d’usagers, de professionnels et de bénévoles et d’observations ethnographiques de sessions d’injection. Notre recherche met en évidence les dimensions à la fois intimes et politiques qui traversent le programme. Elles donnent lieu à un échange et un partage de savoirs, d’affects et d’émotions ainsi qu’à des négociations et des tensions entre usagers, professionnels et bénévoles. Cette volonté de réduction des injustices épistémiques inhérente au programme ERLI met à l’épreuve les ethos professionnels des intervenants et révèle la manière dont l’exposition au risque chez les usagers est modelée par l’environnement du risque.

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