Une mesure raciste ? Négocier le risque de stigmatisation dans la verbalisation du harcèlement de rue

Numéro spécial - Le harcèlement de rue : de la constitution du problème public à la pénalisation
Par Mischa Dekker
Français

Depuis quelques années, plusieurs pays ont introduit des lois visant à punir le « harcèlement de rue ». En France, cette pénalisation est mise en œuvre dans une perspective explicitement féministe, considérant celui-ci comme le premier degré d’un « continuum de violences faites aux femmes ». Aux Pays-Bas, elle est au contraire menée, au sein de la classe politique, par la droite. Cette dernière présente la pénalisation comme une mesure de sauvegarde de l’ordre public, qui serait perturbé par des jeunes hommes racisés. Malgré ces différences, les législateurs font face à une critique similaire dans ces deux pays, exprimée par des politicien·ne·s de la gauche, des féministes, et des militant·e·s anti-racistes : le risque de pénaliser disproportionnellement les hommes racisés issus des classes populaires. Cet article analyse comment l’appréhension de stigmatiser influe sur la mise en place des lois pénales sur le harcèlement de rue, en traçant comment certains acteurs arrivent à concevoir une loi comme étant « raciste » ou « sélective », et la façon dont les législateurs de ces deux pays négocient cette critique.

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