Points de vue ethnographiques comparés sur la structure sociale : le défi d’articuler les niveaux d’analyse micro et macro

Par Aaron Victor Cicourel, Philippe Gonzalez
Français

Le concept de « microstructure sociale » est ici appréhendé comme un niveau d’énonciation nécessitant une référence explicite à des processus de connaissance et des systèmes de mémoire spécifiques. Ces processus et ces systèmes sont initiés et entretenus par des contacts conscients et inconscients avec soi-même et avec autrui : ils comprennent l’observation verbale et non verbale des contextes de la vie quotidienne. Ainsi, la vie en collectivité est rendue possible par un raisonnement au niveau micro, qui revêt des dimensions affectives, cognitives, analogiques et relationnelles ; cette vie est également permise par divers types d’événements communicationnels et par un savoir normatif et tacite considéré comme allant de soi. La « macrostructure sociale » désigne des formes complexes et étendues d’activités organisationnelles : des actions socioculturelles, politico-économiques, sociohistoriques, ainsi que des comportements et des actes communicationnels agrégés sur le plan micro. Ces activités sont essentielles pour générer des données démographiques, des sondages et des archives historiques, bien que ce matériau ignore les phénomènes se déroulant de façon tacite au niveau micro : la mémoire procédurale inconsciente et épisodique consciente se déployant en temps réel et en conditions réelles, le recours au langage familier, les événements gestuels, les procédures visant à documenter des pratiques, les formes ordinaires de la vie quotidienne d’une collectivité. Cette contribution examine des aspects négociés de la médecine clinique comportementale ambulatoire telle qu’elle émerge dans des contextes ethnographiques localisés, ces éléments étant observés et documentés instant après instant. Cette contribution vise notamment à clarifier le concept micro de « surcharge cognitive », cette surcharge étant entendue comme un obstacle cognitif/comportemental inhérent à tous les environnements communicationnels et écologiques socialement organisés. Les données issues de l’observation participante tirent parti des comparaisons temporelles et situationnelles de la méthode mise en œuvre pour étudier et expliquer la microstructure sociale. Celle-ci se révèle essentielle pour comprendre la macrostructure dans ses dimensions normative, socialement organisée et institutionnalisée – ce qui comprend les activités complexes appelées « cliniques médicales » et « milieux hospitaliers », ces instances étant intégrées dans des mésostructures abstraites, tels que les systèmes macro-économiques.

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