Il y a peu encore, l’avocat jouait un rôle secondaire dans les tribunaux pour enfants. Depuis le début des années 1990, l’avocat effectue une relative montée en puissance sur la scène pénale des mineurs, montée qui justifie l’intérêt sociologique qu’on lui porte ici. À partir d’une analyse interactionniste de sociologie des professions et de sociologie de la justice des mineurs, nous montrerons comment, à la faveur d’évolutions contextuelles, certains avocats ont tenté de se faire une place dans les tribunaux pour enfants en se regroupant et en suivant une formation spécialisée. Mais il ne suffit pas de valoriser sa compétence auprès du client et des autres professionnels, il faut aussi apporter quelque chose à l’organisation dans laquelle on travaille. On citera leur rôle habituel de négociation de l’ordre cérémoniel d’une audience pénale et d’apaisement des conflits ainsi que leur investissement dans la gestion de la défense des mineurs. Enfin, nous verrons comment la défense de leur position a favorisé une régulation des pouvoirs professionnels, renvoyant ainsi chaque acteur à sa place.